Critique d’art de Caroline Canault

http://canolinecritiks.blogspot.fr/2016/08/emeric-jacob-sculpteur-ecologique_23.html


Il a grandi sur les rives de la méditerranée avec la passion de la mer et de ses
rejets. Des déchets en tout genre que le grand bleu ne veut plus et régurgite
sans fin.
« Depuis mon
enfance, comme les pilleurs d’épave, j’ai toujours parcouru les plages après
les tempêtes. »
Emeric Jacob est un éco-artiste. 

Ses installations créent le dialogue et la
confrontation entre des matériaux inertes. Ce sont des rebuts, écumes de la
société de consommation. A
la manière d’un naturaliste qui ramasse ses spécimens, Emeric Jacob récolte des
éléments plastiques, métalliques ou de bois qu’il choisit pour leur force
graphique sur les zones naturelles préservées.

Ces fragments de vie emplis de banalité sont ensuite nettoyés,
rangés, triés puis distribués dans des cages métalliques sphériques et mis à
l’épreuve d’une réalité nouvelle.
Ces dispositifs ronds offrent une liberté de circulation
inédite des éléments qui semblent avoir mutés, avoir été transformés à la
manière d’un aliment intégré par le système digestif, telle une lente ou rapide
dégradation formelle.

Des tiges en inox viennent transpercer de part en part, liant
ainsi les objets les uns aux autres. Chaque série de sculptures est capturée
par la photo sur le site de ramassage.
Du vide au plein, du rien à l’accumulation ces œuvres
sont une palette colorée de goût de de dégoût, une extériorisation subtile des
émotions de l’artiste.


Emeric Jacob pose un regard
curieux sur le monde, en quête du devenir des choses.
« En
2014, une tempête a laissé les plages de ma région recouvertes de déchets.
Cette scène m’a inspirée certaines œuvres, qui donnent à voir, à tous, les
conséquences de la société de consommation sur la mer méditerranée et plus
généralement sur l’environnement ».


Avec ses sculptures qu’il nomme
« créatures »  créations rejetées par la nature, il ne s’agit pas de
laisser le déchet pour compte. Il est recyclé, transposé, régénéré, participant
à un nouvel ordre, un climat artificiel. Son sens originel n’est pas évacué, au
contraire, il interroge dans sa capacité à générer un système polluant.Ces injonctions dans l’espace
témoignent de l’attachement de l’artiste pour la nature, un laboratoire
envisagé comme un lieu de relecture, de contamination possible.
Dans
ses actions performatives, Emeric Jacob marche dans les pas d’un explorateur
qui prend avec poésie et humour le contrepied des déterminismes du monde qui
l’entoure. Sa vision
systémique transforme la conception esthétique et paysagère d’une « belle »
nature. Elle pose la question d’une « bonne » nature, écologiquement viable et
support d’un monde souhaitable. 

Une certaine harmonie
expérimentale se dégage de ses œuvres provoquant des sentiments tout aussi
réjouissants que méditatifs. Une véritable célébration du réel dans ce qu’il a
de beau et de dérangeant à la fois. Emeric Jacob a cette source d’inspiration, d’anticipation, d’alerte, de changement et de
résilience ; une ressource fondamentale et inépuisable pour accompagner la
transition écologique.

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